« À un moment donné, il faut bien être quelque part » : cet aphorisme de l’écrivain Cioran fait partie des rares phrases que prononçait Benoît Tranchant. Autodidacte cultivé et raffiné, cet ancien chauffeur livreur était entré en peinture, il y a vingt-cinq ans, après avoir pratiqué la boxe et été soldat à Toulon. Installé en banlieue parisienne, à larges coups de brosse, dans des tons sombres, il brossait des objets ordinaires et délaissés. Lit de garnison, chaise de bar, échelle d’ouvrier… Puis sont venues (...)
Textes
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L’ange noir
8 mars 2009, par benoit -
L’automne des transis
8 mars 2009, par benoitImplacable. Tel est le visage transi que vient de peindre Benoît Tranchant pour l’exposition de Bar-le-Duc. Une tête immense, intimidante, aux tons d’iceberg et de pleine lune. Ses ombres dévorent l’espace, dénoncent toute épaisseur, consacrent la lumière comme ultime vérité. L’ensemble vibre étrangement : le motif, véritable apparition, donne simultanément l’impression de s’approcher et de s’éloigner, d’une rive où les spectateurs, condamnés à demeurer des étrangers, font silence.
Dans cette peinture là, le (...) -
Une récréation entre deux thèmes
8 mars 2009, par benoit« Benoit Tranchant : J’essuie un pinceau et sa trace devient un fauteuil pliant de plateau de cinéma » : les objets peints par Benoît Tranchant surgissent par accident. Parfois ils s’imposent, telle « une récréation entre deux thèmes. Toute chair est absente de ces natures vives, comme des paysages d’autoroute qui constituent l’essentiel de l’œuvre de Benoît Tranchant. Virtuoses, la lumière et la touche, seules, donnent la vie. Et quelle vie !
Françoise (...) -
Melancholia
14 février 2009, par benoitLe bleu du colonel Chabert
Le bleu qui bérézine
Le bleu qui vole les vies ; femme de mort, femme qui tue, soldats et rêves errants de la Volga.
Le bleu dépression ;
Le bleu du poissson la bouche en trompette ; cherche la dernière note, cherche Chet –
Il n’y a plus de ville
Il n’y a plus de route.
Il peint un lac, un étang de l’immobile que le cœur anime.
Encore le haut encore le bas : maintien cosmologique.
La tristesse s’adosse à un ici et là, à la silhouette d’un pylone.
On est sorti de la voiture ; (...)