Benoit Tranchant

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L’automne des transis

dimanche 8 mars 2009, par benoit

Implacable. Tel est le visage transi que vient de peindre Benoît Tranchant pour l’exposition de Bar-le-Duc. Une tête immense, intimidante, aux tons d’iceberg et de pleine lune. Ses ombres dévorent l’espace, dénoncent toute épaisseur, consacrent la lumière comme ultime vérité. L’ensemble vibre étrangement : le motif, véritable apparition, donne simultanément l’impression de s’approcher et de s’éloigner, d’une rive où les spectateurs, condamnés à demeurer des étrangers, font silence.

Dans cette peinture là, le moindre recoin semble un gouffre, une caverne, en travers duquel chaque coup de pinceau trace une passerelle, chaque rehaut roule un rocher. Il est ici beaucoup question de vertige, de danger, de mémoire. Et de triomphe de celle-ci sur le manque. Deux traces très jaunes et assez rectangulaires, telles des lucarnes, flanquent la toile, de part et d’autre du crâne représenté. Elles indiquent, comme dans chacune des œuvres de l’artiste, qu’elles représentent un immeuble de banlieue, un lit défait ou une robe soldée, que le bonheur existe aussi longtemps qu’il demeure inaccessible. Benoît Tranchant aime l’absurdité, l’idiotie, les livres de Céline et ceux de Cioran. "Dans le fond, dit-il, je suis un abstrait. Seule la peinture m’intéresse".

Françoise Monnin

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